Rétrospective : Richard Jarecki, le professeur qui connaissait les failles des jeux de roulette

Publié le 03/03/2022

Dans les années 1960, un émigré juif allemand méconnu de tous débarque aux États-Unis. Professeur de médecine, homme doté d’un fort esprit d’analyse et grand passionné des jeux de roulette, ce dernier fut redouté dans chaque établissement où il passait. Voici la formidable histoire de Richard Jarecki, le tortionnaire des casinos du vieux continent qui leur délesta pas moins de 7 millions d’euros, en monnaie actuelle !

États-Unis : un illustre inconnu s’amuse à observer plus de 10 000 tours de roulette

Au début des années 1960, un nom circule dans les casinos américains : Richard Jarecki. Décrit comme un énergumène qui s’intéresse aux jeux de roulette d’un peu trop près, l’homme passait en effet la majeure partie de son temps à observer le fonctionnement de ces dernières. Richard Jarecki finit par comprendre que contrairement aux cartes et dés utilisés dans les autres jeux de casino, le cadran des roulettes n’était jamais remplacé : celui-ci finissait par s’user et présentait même parfois des défauts mécaniques apparents.

Ce constat encouragea Richard Jarecki à créer un système. L’homme se mit à enregistrer manuellement les résultats de milliers de tours de roulettes ciblées. Selon le New York Times, Richard Jarecki pouvait observer plus de 10 000 tours pour un seul jeu de roulette donné. Sa patience fut aussitôt récompensée : lorsque Richard Jarecki rassembla ses économies (100 $) pour tenter sa chance à la roulette dans un casino américain, il en ressortit avec 5 000 $, soit l’équivalent de 41 000 $ à notre époque !

Richard Jarecki : l’épouvantail des casinos d’Europe et d’ailleurs

En 1964, Richard Jarecki rentre chez lui, en Allemagne. En Europe, les casinos étaient très différents de ceux américains, tout comme les jeux de roulette. À cette époque, sur le vieux continent, les roulettes ne disposaient que de 37 cases numérotées contre 38 sur les roulettes américaines. En d’autres termes, Richard Jarecki savait qu’il avait encore plus de chances de remporter sa mise sur les tables de roulette des casinos d’Europe, d’autant plus que les jeux en question étaient particulièrement vieux, rarement remplacés par de nouveaux modèles.

La même année, Richard Jarecki, accompagné de son épouse et d’une fine équipe embauchée pour l’occasion, analysa les différentes anomalies des roulettes de l’ensemble des casinos qu’ils fréquentèrent, de Monte-Carlo à Divonne-les-Bains, en passant par celui de Baden-Baden. Que ce soit à Monaco, en France ou en Allemagne, le petit groupe n’eut aucun mal à causer la ruine des casinos qu’il prenait pour cible : en l’espace de six mois, Richard Jarecki et ses hommes empochèrent plus de… 5 millions d’euros !

Le casino de San Remo, en Italie, fut la principale victime de Richard Jarecki. En effet, ce dernier fut contraint de verser au gagnant près de 1,2 million d’euros en un seul week-end. Cela épuisa totalement les caisses de l’établissement, qui fut dès lors au bord de la faillite…

Quant à Richard Jarecki, malgré la modernisation progressive des jeux de roulette et les sanctions qui furent exercées sur lui (l’homme fut interdit de casino à plusieurs reprises), cela ne l’empêcha jamais d’être un joueur de roulette dans l’âme. En effet, Richard Jarecki jouait encore à la roulette la veille de son décès, à Manille, en 2018.